LE SURNATUREL DANS LES AVENTURES DE JOHAN ET PIRLOUIT

Étant un bouquiniste inconditionnel de bandes dessinées, au milieu de toutes celles se passant au moyen-âge : Prince Vaillant, Harald le viking, Marco Polo, les tours de Bois Maury, Oliver, chevalier Ardent… Une était, pour moi, le summum : Johan et Pirlouit dont, pourtant, seuls 13 albums ont été réalisés par le grand Peyo, les quatre suivants ayant été fait par le studio de Thierry Culiford qui n’est autre que le fils de Peyo dont le vrai nom, pour ceux qui ne le sauraient pas était Pierre Culliford.

Pourquoi ces 13 albums ont passionnés des générations de dévoreurs de petits Mickey ( c’est comme ça qu’on appelait les bandes dessinées quand j’étais môme). Et bien après relecture de ces merveilles, je crois que cela tient à des scénarios qui taquinaient bien souvent le fantastique.

En effet, en théorie les autres B.D. traitant du moyen âge parlaient de tournois, guerres, croisades, chevaliers félons, usurpateurs de trônes, et autres histoires moult fois rabattues (quelques fois de façon excellente, je le reconnais), alors que si l’on y pense, Johan et Pirlouit ont très souvent flirté avec l’irréel. Si l’on excepte les 2 premiers qui étaient, je trouve un << galop d’essai >> de débutant doué, j’attaque le décorticage des principaux qui suivent :

Le lutin du bois aux roches : c’est là qu’apparait, Pirlouit pour la première fois et qui est présenté, au début, comme un démon terrorisant la populace hyper superstitieuse comme on savait l’être à cette époque là. D’ailleurs, à la page 7, Johan explique au roi, qu’il parait que le << Lutin du bois aux roches >> serait, d’après les dires, << un monstre hideux et maléfique, mauvais génie, gnôme, sorcier et démon tout à la fois >> avant qu’à la page 11, le lecteur se rend compte qu’en fait, il ne s’agit que d’un brave petit bonhomme qui n’a rien de surnaturel sinon un goût immodéré pour les farces de mauvais goût.

Le lutin du bois au roches

La pierre de lune : où ont tombe sur 2 sorciers dont un gentil (l’enchanteur Homnibus) et un mauvais (le sire de Boustroux).

La pierre de lune

Dans Le serment des Vikings un marin du nord explique à Johan que si Bodhvar a kidnapper Odd, c’est parce qu’il paraitrait que c’est un ogre qui dévore les enfants.

Le serment des vikings

La source des dieux : qui réunit à lui seul tous les ingrédients nécessaires au côté mystérieux du moyen-âge : un sort jeté par un sorcier, un géant et une créature intemporelle vivant au milieu des serpents au fond d’une grotte. C’est certainement pour ça que cet album fait partie de mes livres de chevet préférés.

La source des dieux

La flûte à 6 schtroumpfs : n’oublions pas que c’est dans cet album qu’apparaissent pour la première fois, les schtroumpfs, petits lutins bleus au destin littéraire exceptionnel, alors qu’il n’étaient ici qu’en personnages secondaires, dont l’une des spécialités consistait à créer des flûtes magiques dont ceux qui en jouent font danser, contre leur propre gré, le pékin moyen passant à portée d’oreilles jusqu’à l’épuisement et l’évanouissement.

La flûte à six schtroumpfs

La guerre des 7 fontaines : un des summums de la BD tous genres confondus. En effet, le personnage principal, hors nos héros, et un fantôme. Alors que le décor prête à l’angoisse : terres arides, bois obscurs, château abandonné, toiles d’araignées, oubliettes et couloirs ténébreux, le fantôme s’avère être un brave type, faisant très facilement son mea-culpa et qui n’hésite pas à faire des farces à ces faux héritiers qui rappellent un peu, dans leur mentalités, les prétendus descendants de Rackam-le-rouge convoitant une part du trésor de la suite du <<secret de la licorne >>.

La guerre des 7 fontaines

Le pays maudit : où le roi qui était jusqu’alors un personnage secondaire, devient un élément essentiels à cette histoire où le fantastique vient d’un dragon apprivoisé paru n salopard qui fait trimer les pauvres schtroumpfs réduit en esclavage, dans une grotte, au fond d’un marécage où règnent les feux follets qui comme chacun sait, sont les âmes des damnés (page 25).

Le pays maudit

Le sortilège de Maltrochu : où un infâme seigneur jaloux de l’amour qui unit le chevalier Thierry et la douce Geneviève, fait boire à Thierry un breuvage empoisonné, acheté à un alchimiste démoniaque, afin de le transformer en chien.

Le sortilège de maltrochu

Il est à constater que bien souvent, ce qui au départ, sont considérés comme des êtres censé semés la terreur s’avèrent êtres des braves gens : Pirlouit le lutin devient le meilleur ami de notre héros, le fantôme des 7 fontaines ne sèment la terreur que pour rire, le dragon qui, à la fin, ne crache plus que de l’eau et de ce fait, devient sympa font que cela renforce ce que j’ai toujours pensé : Peyo devait être foncièrement gentil.

Patrice Frécinaux  2015