Revenons en à nos moutons (enfin, pour les moutons on verra plus loin, quand il sera temps de parler de Murakami) mais à la Fantasy Francophone.
Avant Ptah Hotep, le couple Yves et Ada Rémy avait donné, chez Julliard, le premier roman, un fix-up, intitulé Les Soldats de la Mer. L’œuvre sera plus familière à l’amateur de fantasy standard que Ptah Hotep mais il risque toutefois de se sentir dans la peau de grand-mère poussée dans les orties quand elle est en short ! Imaginez un monde parallèle avec deux lunes où « vivent » des fantômes, le plus souvent de soldats, un début de XIX° siècle alternatif où se constitue petit à petit une fédération européenne. Dans ce cadre, issus du travail filmographique des auteurs pour l’histoire des armées, prennent place les nouvelles où l’on voit s’ébattre des protagonistes en proie au surnaturel tandis qu’autour d’eux, à l’arrière-plan, s’écrit l’histoire.
Trois ans plus tard, ils donneront un autre chef d’œuvre : Le Grand Midi chez Christian Bourgois où le protagoniste apprend à vivre chez les morts… Au moins tout aussi étrange, voire davantage, Le grand Midi précède et s’apparente à des romans comme L’Autre Rive de Georges Olivier de Châteaureynaud (Grasset) ou au Morwyn de John Cowper Powys. On est ici sur la frontière entre la Fantasy et le Fantastique ; un pays littéraire ouvert à ceux qui ne craignent pas de sortir des sentiers battus ni ne redoute nulle étrangeté.
Les Soldats de la Mer est disponible chez Dystopia Workshop (neuf) petit éditeur très intéressant qui rééditera bientôt La Maison du Cygne, le roman de science fiction des Rémy. D’occasion Les Soldats se trouve chez Julliard EO, Seghers – les fenêtres de la nuit, Pocket, et au Fleuve Noir.
Le Grand Midi, seulement d’occasion chez Bourgois.
L’Autre Rive, neuf, chez Grasset, probablement disponible aussi au format de poche .
Morwyn, seulement d’occasion chez Henri Veyrier, collection OFF. (Notez que c’est une traduction, pas un livre français.)
Quantité d’œuvres de fantasy sans grand intérêt ont été écrite en français depuis lors, notamment au Fleuve Noir, chez Mnémos et Bragelonne.
Du Fleuve, on sauvera La Trilogie de Swa (le Livre, Les Destin et la Légende) de Daniel Walther mais surtout Khanaor (Solstice de Fer & Equinoxe de Cendre) un diptyque de Francis Berthelot préalablement publié chez Temps Futurs, puis à nouveau réédité chez « Imaginaire sans frontière » et disponible neuf en Folio SF, 2 volumes pour les anciennes éditions, un seul pour les plus récentes.
Pour conclure sur la Fantasy francophone, on retiendra les Diptyque constitué de Bankgreen et Elbronn de Thierry di Rollo au Belial’. Di Rollo est un écrivain des plus remarquables en France actuellement mais qui n’est pas vraiment tout public. Non. Il écrit pour un public averti, mais pas averti des choses que l’on entend d’ordinaire sous ce genre d’expression… Il écrit au scalpel des textes sombres qui ont la dureté du diamant et tout le monde n’aime pas ça. N’en avoir pas lu, c’est passer à côté d’une véritable expérience littéraire. Il a aussi publié du polar et de la SF. Son meilleur livre est peut-être La Profondeur des Tombes (SF), Belial’ ou Folio SF (neuf ou occase).
Moins hard, beaucoup moins, mais non moins intéressant, Jean-Philippe Jaworski fut révélé par Les Moutons Electriques Editeurs d’André-François Ruaud avec la Publication de Janua Vera, récits du vieux royaume, un très bon recueil de nouvelles, certaines franchement splendides, telle « Le Conte de Suzelle ». Une autre, « Mauvaise donne » a été développée dans le fort roman Gagner la Guerre. Ce roman sis dans la « Renaissance » des vieux royaumes tient du polar magique sur lequel plane les ombres du cycle des épées (Leiber) et de San Antonio…
Il existe éditions de Gagner la Guerre chez les Moutons, une normal et une de luxe, cartonnée, superbe. Il est aussi disponible chez Folio SF.
De Janua Vera, il existe quatre éditions : la première, mi format, compte 7 nouvelles, une deuxième en grand Format, dans la Bibliothèque Voltaïque, qui en compte dix, et enfin un tirage de luxe à 70 ex comptant quelques petites pièces supplémentaires. L’édition en poche, chez Folio SF comprend seulement 8 nouvelles dont les 7 du recueil d’origine.
Depuis, J-Ph Jaworski a publié un troisième livre, une Fantasy celtique intitulé Même pas Mort, toujours au Moutons Electriques.
Lesquels Moutons Electriques ont également publié Wastburg, chronique d’une cité imaginaire et premier roman de Cédric Ferrand, magnifiquement illustré en couverture pour l’EO, (dispo en Folio SF) ainsi que Porcelaine – Légende du tigre et de la tisseuse d’Estelle Faye, son 2° roman. Un roman anglo-saxon encore une fois superbement illustré : L’Epouse de Bois de Terry Wendling. Et encore Tancrède – une uchronie, une fantasy historique qui rafla le prix Rosny-aîné due à la plume de Hugo Bellagamba, l’un des auteurs, mais aussi des acteurs les plus brillants à œuvrer dans l’imaginaire francophone d’aujourd’hui. Si c’était tout, ce serait déjà considérable mais il faut encore ajouter à l’impressionnant tableau de chasse des Moutons et d’André François Ruaud le nom de Timothée Rey, qui a publié hier (07/01/14) sont troisième livre aux Moutons : Les Souffles ne Laissent pas de Traces (que je n’ai pas encore lu) qui se présente comme « un polar chez les Cro-Magnons ». Mais c’est à ses deux livres précédents, Dans la Forêt des Astres et surtout son premier, Des Nouvelles du Tibar qu’il doit de figurer ici. De la Fantasy drolatique où les fans de Terry Pratchett devraient trouver largement leur compte…
Tout ce qui sort des Moutons mérite largement que l’on s’y attarde et je ne vous ai pas parlé de la SF, des exhumations de textes anciens… ni du recueil d’interviews de Richard Comballot (encore un type qui gagnerait a être connu).
Notons encore sur nos tablettes, le nom de Thomas Burnett Swann dont le cycle du Latium est publié par Les Moutons Electriques et la Trilogie du Minotaure aux édition du Belial’ ; Les Dieux Demeurent et La Forêt d’Envers-Monde sont quant à eux disponibles en folio SF. Thomas Burnett Swann propose une fantasy mythologique de très bon aloi à l’écriture pleine de poésie et il est concevable que La forêt d’Envers-Monde ait inspiré à Robert Holdstock son cycle des Mythagos.
La fantasy due à des plumes féminines abonde mais ne m’intéresse guère. Peut-être Tanith Lee mérite-t-elle que l’on s’attarde sur ses œuvres… En ce qui me concerne, je ne retiendrai que trois livres : Terremer (Seghers, CLA, Pocket, Robert Laffont) de Ursula K. Le Guin qui est davantage un planet opera avec sorcellerie et magie qu’une authentique fantasy ; reste que c’est l’un des ouvrages majeures de la dame qui jouit d’une considérable réputation, celle de plus grand auteur féminin de SF, par exemple. Un prochain Bifrost lui sera consacré.
Ariosto Furioso de Chelsea Quinn Yarbro, Denoël, Présence du Futur, est certainement ce que la fantasy féminine à produit de meilleur.
Plus récent, Les Innamorati de Midori Snyder est une très belle réussite publiée par les éditions Rivages, au sein d’une collection Fantasy non dénué d’intérêts.
Collection où l’on a pu découvrir la Tétralogie de Longwor du sociologue Dennis Duclos qui, à la base, ressuscite un esprit « Île au trésor » ; On y a aussi découvert l’inquisiteur Nicolas Eymerich de l’italien Valério Evengelisti aujourd’hui réédité à La Volte. L’inquisiteur pourfend maintes diableries qui surgissent de par-delà la temps.
On retiendra encore les deux romans de Lisa Goldstein, Les Jeux étranges du Soleil et de la Lune et Roi de l’été, Fou de l’Hiver qui m’amène par association d’idée quant à la forme du titre à Roi du Matin, Reine du Jour de Ian Mc Donald, chez Denoël en présence du futur. Sacrements de Clive Barker est l’un des meilleurs livres paru chez Rivages/fantasy. De Barker, il faudra faire le détour par les Livres de Sang, naguère publiés en six volumes chez J’ai Lu, dernière éditions en 2 forts volumes chez Bragelonne, mais on est ici plutôt dans l’Horreur. Enfin, J’aurais bien aimé conseiller Le Sang du Serpent et Le Feu de la Salamandre de Brian Stableford mais je m’en abstiendrai finalement parce que le troisième tome de la trilogie, Le Nid du Phénix, n’a pas été traduit. Un mal français qui n’est que trop répandu. Si les premiers volumes n’ont pas les résultats attendus, on ne traduit pas le dernier, prenant les lecteurs pour des cons ! Pris une fois, pris deux fois, ils en viennent à attendre que les trilogies, tant prisés des éditeurs qui pensent ainsi capturer un lectorat pour plusieurs volumes quitte à l’envoyer sur les roses sans plus de forme, soient intégralement publiées. Et les éditeurs, voyant que ça ne se vend pas, ne voyant pas de trésorerie rentrer, se font frileux et ne prennent pas le moindre risque…
Pour l’instant, la Fantasy de feu Poul Anderson n’a été que peu traduite ; son œuvre de SF est publiée chez plusieurs éditeurs notamment au Belial’ chez qui on peut lire Hrolf Kraki tout à la fois épique, nordique et réaliste. Le Monde des Vikings comme si vous en étiez… Un Numéro de Bifrost sera consacré à Poul Anderson en 2014.
Sur les frontières de la Fantasy, voire même par delà, nous trouvons quelques auteurs qui méritent franchement le détour au premier chef desquels, Tim Powers qui a donné ses lettres de noblesse au mouvement « Steampunk » avec des romans comme Les Voies d’Anubis ou Le Poids de son Regard. A ses côtés, on rencontre James P. Blaylock et K. V. Jeter. Machines Infernales de ce dernier et Homonculus et Le Temps Fugitif de Blaylock devraient plaire à ces amateurs de fantasy susceptibles de s’écarter des sentiers battus de la Fantasy médiévale pour arpenter les rues d’un Londres victorien qui jamais ne fut et où la part belle est laissée à l’imagination dont tous les chevaux sont lâchés…
Auteurs de SF, Fabuliste, Je ne peux m’abstenir de citer James Morrow pour le plus grand bonheur de ceux qui sont capable d’aller encore plus loin. L’Arbre à Rêves, la Trilogie de Jehowah, Notre Mère qui êtes aux Cieux, Le Dernier Chasseur de Sorcière sont autant de chefs d’œuvres, mais il n’ ya rien à jeter… C’est un auteur volontiers iconoclaste. Soyez Prévenu.
Haruki Murakami, (ne pas confondre avec Ryu Murakami) est un auteur japonais de Fantasy Urbaine et de fantastique, genre que l’on a parfois qualifié d’ « insolite », publié au Seuil et chez Belfond. Ecrivain majeur du Japon contemporain, il est très largement traduit. Chez lui, l’étrange s’introduit dans la réalité quotidienne la plus banale où, la porte du snack-bar donne aussi bien sur la rue que sur un monde différent subtilement du notre où le personnage va finir par se sentir comme perdu. Son introduction dans l’imaginaire procède d’un gauchissement progressif de la réalité qui métaphorise la « perte de pied » de l’homme contemporain dans une société qui semble de plus en plus lui échapper.
Ce guide subjectif présenterait à mes yeux un manque cruel si je ne mentionnais pas Mark S. Geston.
Il nous laisse quatre livres des plus remarquables : Les Seigneurs du Navire-Etoile, Hors de la Bouche du Dragon, La Guerre des Thaumaturges et L’Etoile de Ferrin. Quatre livres d’un pessimisme abyssal et totalement déprimants tant le désespoir y est absolu, irrémédiable. Ces romans parurent en 2 volumes au CLA. On les trouve d’occasion sans trop de peine et pas trop cher pour des livres de cette collection prestigieuse… Ils n’ont jamais été réédités. A côté de Geston, Disch est un joyeux lurron (Il s’est suicidé) et Barry Malzberg un constructiviste enthousiaste ! Il va sans dire que les livres de Geston n’ont pas vraiment rencontré le succès commercial auquel leur qualité aurait pu les faire prétendre…
Dans la très bonne, mais hideuse, collection aventures fantastiques que dirigea Richard D. Nolane chez Garancière et que nous avons déjà évoquer ici (Imaro, Hrolf Kraki) on notera en passant L’Empire du Pape Blanc l’un des premiers romans de Christian Jacq mais surtout on retiendra l’étrange trilogie de Viriconium de M. John Harrisson qui est l’application la plus poussée de la New Wave des années 60/70 à l’heroic Fantasy : La Cité Pastel, Le Signe des Locustes et Les Dieux incertains. Là encore, il y a de quoi décontenancer l’amateur de fantasy traditionnelle qu’il soit tendance Conan, Tolkien ou Roi Arthur… Il va sans dire que le terme « heroic » ne s’y prête guère. L’écrivain de SF plutôt classique Charles Sheffield a choisi pour personnage Erasmus Darwin, le grand-père du père de la théorie de l’évolution, pour un résultat qui mérite que l’on s’y attarde. La collection compte encore un autre roman de Poul Anderson, Trois cœurs, trois lions, aujourd’hui réédité au Belial’ ; les aventures du Docteur Nikola de Guy N. Boothby, Le Dieu Jaune de H. Rider Haggard, champion toute catégorie de l’aventure africaine, créateur de She et d’Allan Quatermain, classiques de la littérature d’aventure de la première moitié du XX° siècle. Sang Doré (1933) de Jack Williamson dont la carrière incroyable traversa trois quarts de siècle de science fiction est une autre aventure à la manière de H. Rider Haggard. Raum, roman entre vikings, démons et Table Ronde de Carl Sherrell, auteur peu connu de quelques romans autour des années 80 dont celui-ci est le seul traduit mais qui vaut largement le détour, très moderne, il donne la juste réplique au Chien de Guerre et à la Douleur du Monde avec lequel Mike Moorcock inaugura la Saga de la famille von Bek (Seghers & j’ai lu & L’Atalante).
Cette collection qui présentait, de 85 à 87, à la fois le cutting edge et les marges de la fantasy souffrit et finalement mourut de la laideur de son visuel grossier d’un jaune criard (16 titres en tout et pour tout, une collection complète pour 160 € en bon état sur e-bay (16/01/14)) et quelques titres à la boutique…
Il nous reste à évoquer quelques œuvres majeures de la Fantasy
Ainsi la trilogie de Gormenghast, château démentiel où prennent place les trois romans : Titus d’Enfer, Gormenghast et Titus Errant (Phébus & 10/18) ainsi qu’un spin off : Titus dans les ténèbres (Losfeld). La critique a comparé l’œuvre maîtresse de Merwyn Peake à Rabelais, Powys ou encore J. Swift. L’ironie grotesque règne en maîtresse sur cette œuvre sans pareille, centrée sur ses personnages à la fois très élaborés et caricaturaux à l’extrême, dont les noms sont remarquablement évocateurs. Il est rare que l’on s’enfonce aussi loin dans les terres de l’imaginaire et de la littérature la plus profonde quant à la mise en scène de la nature et des destinées humaines. On est à cent lieues de l’Heroic Fantasy car ici ne cesse de souffler la plus inquiétante étrangeté…
Lucius Shepard dont l’œuvre oscille entre science fiction, fantastique et Fantasy en fréquentant toujours le même espace littéraire a vu une part non négligeable de ses romans et nouvelles traduite en français, et même en première mondiale. On l’a découvert chez Denoël, en Présence du Futur et du Fantastique, alors dirigé par feu Jacques Chambon, avec cinq recueils et un roman plus intéressants les uns que les autres tandis que deux autres romans : Les Yeux Electriques et surtout La Vie en Temps de Guerre étaient publiés chez Robert Laffont, dans la prestigieuse collection « Ailleurs & Demain » que dirige Gérard Klein (Pas l’acteur, l’économiste.) Après quelques années de purgatoire, Shepard a retrouvé un éditeur en la personne d’Olivier Girard, le Maître d’œuvre des Editions du Belial’, où cinq nouveaux volumes sont parus dont un énorme recueil centré sur Le Dragon Griaule. Une gigantesque créature pétrifiée grande comme une colline dont les maléfices ne cessent pas pour autant de sourdre pour contaminer les gens vivant dans le voisinage. Un autre roman, Le Calice du Dragon, conte des événements parallèles à ceux du recueil. Qu’il s’adonne à la Fantasy, au Fantastique ou à la SF, Lucius Shepard ne se départi jamais ni de sa manière ni de ses préoccupations.
Autre auteur actuel, Jeffrey Ford (ne pas confondre avec Jeffrey Lord, signature des « Blade », chez Gérard de Villiers puis Vauvenargues.) est tout aussi intéressant. Plutôt que de rabâcher à l’envi je vous convie à lire ma critique de Physiognomy, qui a obtenu le World Fantasy award (J’ai Lu, Millénaires) sur le site des éditions du Belial’ www.belial.fr/blog/physiognomy Ce roman a connu deux suites : Mémoranda et L’Au-delà. (J’ai Lu)
De Jeffrey Ford, on peut également lire une moderne transposition du célèbre Portrait de Dorian Gray d’Oscar Wilde, intitulé Le Portrait de Madame Charbuque chez Pygmalion et au Livre de Poche. Un roman fantastique à caractère policier est paru en « Lunes d’encre » Chez Denoël : La fille dans le verre.
Pour conclure cette longue promenade dans les jardins de la Fantasy, il reste une trilogie des plus remarquables à évoquer. La trilogie de Corlay. (Denoël, Présence du Futur)
Science Fantasy ? Peut-être. L’histoire est clairement inscrite dans le futur de l’Angleterre. Richard Cowper, l’un des plus brillants représentants de la SF britannique des années 70, est le pseudonyme de Colin Murry, fils du critique John Middleton Murry qui fut l’époux de Katherine Mansfield. La Route de Corlay, La Moisson de Corlay et Le Testament de Corlay sont les suites de l’une des plus belles nouvelles de Fantasy, que l’on peut lire dans « La Grande Anthologie de la Fantasy » en compagnie de bon nombre de textes de grande qualité, Le Chant au porte de l’Aurore qui constitue le préambule de cette trilogie empreinte de philosophie chrétienne. Là encore, il vous faudra repasser si vous aimez la Fantasy « à grands coups de haches ! » et , le cas échéant, vous tourner vers David Gemmell. L’œuvre de Cowper est relativement peu abondante mais largement traduite et compte en outre quelques excellents recueils et deux autres romans, chez Denoël également, ainsi que trois romans de SF un peu moins ambitieux, Kuldesak, Futurama, Presse de la Cité, Clone, Tritres SF, J-C Lattès et Les Cavernes du Sommeil, Opta, Galaxie-bis.
La Fantasy compte parmi ces œuvres fondamentales deux chefs d’œuvre de la littérature mondiale, toutes catégories confondues et considérés comme des classiques absolus des littératures pour la jeunesse. Il s’agit bien entendu d’Alice au Pays des Merveilles de Lewis Carroll et de Peter Pan de James Matthew Barrie ainsi que des diverses suites que les auteurs ont donné. Ne pas les mentionner eut été rien moins que blasphématoire !
Et au bout du bout, trois livres récents, qui n’ont pas encore eu le temps de faire leur trou. Tout d’abord, Osama, de l’Israélien Lavie Tidhar, publié en américain et qui a été traduit chez Panini Books – Eclipses. Chroniqué par mes soins dans le dernier Bifrost N° 73 (Spécial Lovecraft, SDEP) où un détective privé recherche l’auteur d’une série de romans d’action dans un univers d’ombres et faux semblants où s’agitent les fantôme du 11/09. Un ton qui n’est pas sans rappeler Christopher Priest. (World Fantasy Award 2012)
Toujours chez Panini Books –Eclipse, notons D’obsidienne et de sang, une Fantasy précolombienne d’Aliette de Bodard à la couverture particulièrement hideuse. (réédition 2013 d’un livre de 2011, inchangé) On notera qu’avec De Bodard, puis Tidhar et Okorafor, Panini Books permet au public français de découvrir les meilleurs nouveaux auteurs de Fantasy anglo-saxons.
Mausolée, de Christian Chavassieux, chez Mnémos est un livre plutôt sombre dans une Europe d’après les guerres… où même les livres se prennent à mourir dans une forteresse au croisement du palais de la reine Glorianna (Moorcock) et du Bunker Palace Hôtel de Bilal (voilà qui devrait parler aux nombreux amateurs de BD de la librairie…) et où s’agite tout un monde dangereux. Sûrement l’un des meilleurs livre français de l’année dans l’imaginaire.
Chez Panini Books – Eclipses encore, Qui a peur de la mort ? de l’Américaine d’origine nigériane Nnedi Okorafor est une Fantasy féminine âpres inspirée des tristes réalités africaines contemporaines. Devrait être chroniqué dans le prochain Bifrost N° 74 (avril 14) par Thomas Day qui s’est penché sur une problématique comparable dans ses propres fictions. (World Fantasy Award 2011.)
Alif l’Invisible de G. Willow Wilson, chez Buchet-Chastel est une CyberFantasy au carrefour des Mille et Une Nuits et des printemps arabes. Journaliste et auteur de BD trentenaire, diplômée d’Histoire et d’Arabe, ayant vécu au Caire et convertie à l’Islam, elle est lauréate du World Fantasy Award 2013 pour son premier roman.
Les trois derniers WFA récompensent donc des œuvres où la Fantasy est en prise avec la réalité contemporaine. Le sigle SF signifierait-il désormais Speculative Fantasy ? Il est certain que la Fantasy ait tout à y gagner sur le plan littéraire, sur le plan commercial, c’est une tout autre histoire.
La boucle est bouclée comme dirait Fritz Leiber.